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43/14 I'm a looser

Premier anniversaires de ces miscellanées. Nous entamons le quatrième album des Beatles avec "Beatles for sale". C'est parti pour cinquante deux nouveaux numéros...

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Pensées fugaces

Au sujet du sous-marin russe de poche patrouillant les eaux suédoises, voici une mise au point récupérée sur FB, faite par le CV Lars Wedin de la marine suédoise : ''Pour le moment, il y a un grand nombre ”d’experts” qui donnent ses théories. On sait qu’il y a eu des indications très fiables qu’il se trouve une « chose construite par des hommes » dans un fiord près de Stockholm. Le renseignement (écoute électronique) a indiqué des signaux entre « quelque chose » et la base navale de Kaliningrad, dont un signal de détresse. Cela n’est pas, évidemment, confirmé par les forces armées. La plus grande partie des experts croient qu’il s’agisse d’un véhicule de type Triton qui peut servir 12 hommes grenouilles. Des tels véhicules n’appartiennent pas à la marine Russe mais à ses forces spéciales (spetsnaz). Il ne s’agit pas d’un sous-marin néerlandais (évidemment) – les fonds sont bien trop limités pour faire manœuvrer un tel sous-marin. Cette situation colle avec le comportement russe ces dernières années où nous avons vu un comportement de plus en plus agressif russe dans la mer Baltique (forces aériennes et navales). Il faut savoir qu’il est extrêmement difficile de chasser des sous-marins ou encore plus un véhicule sous-marin dans ces petits fonds, avec des centaines des îles, beaucoup de bruit et une mélange entre eau douce et salé. La marine suédois manque aussi des moyens, surtout des hélicoptères – les forces armées étaient jusqu’au « hier » plutôt organisées pour Afghanistan… Pourquoi donc ? Plusieurs possibilités :

  • 1. Montrer aux suédois qu’il ne peut pas se défendre
  • 2. Montrer aux suédois que cette zone fait partie de la zone d’intérêt russe
  • 3. S’entrainer
  • 4. Contrôler, remplacer ou placer des équipements sur le fond (moyens d’écoute, de navigation, des mines…) dans une zone où se passe la plupart de trafic maritime pour Stockholm. Finalement, il faut souligner que l’opération en cours est une opération de renseignement – pas une chasse au sous-marin ! L’objectif est de savoir qu’est ce qui passe dans les parages de Stockholm.''

Reçu d'un correspondant : Dire qu'il faut changer les institutions serait comme dire qu'il faut changer une Ferrari parce que son conducteur ne parvient plus à la conduire. Or, non, il faut juste changer le conducteur. J'aurais tendance à être d'accord avec deux remarques : le constat ne date pas d'aujourd'hui mais d'une bonne quinzaine d'années ; au fond, la faute revient à l'instauration du quinquennat mais aussi de la faute qui consista à placer la présidentielle avant les législatives... Nous sommes depuis en campagne électorale permanente, phénomène accentué par les primaires. Les partis n'ont plus de militants, sauf les professionnels qui veulent en vivre.

Agression de Montréal : déjà, donner du sens aux mots et éviter l'inflation. Le traitement outrageux de BFM TV mais aussi la disproportion de la réaction canadienne font peine à voir. Voici donc un pays qui est en guerre contre le terrorisme depuis treize ans, je crois, et qui sur réagit de cette façon parce qu'un malade mental tire sur un soldat ? Où est le flegme britannique ? Parler de "attentat terroriste, deux morts" quand on sait que le deuxième n'est que l'auteur de la "fusillade" ... Pendant ce temps là, on apprenait qu'un lycéen américain déclenche une fusillade dans son lycée, trois morts dont lui. Là-bas, il n'y a plus d'émotion...

Je suis assez rapide à dénoncer le traitement médiatique du Monde mais sur cette affaire là (Ottawa), chapeau : sobre et de bon aloi, avec un article en pages intérieures et puis c'est tout.

Élections en Ukraine : les reportages se sont un peu multipliés à cette occasion. On a ainsi appris que l'armée régulière n'avait presque pas combattu dans le Donbass, car elle n'arrivait pas à contrôler les "bataillons de volontaires". On apprenait également que bon nombre de ceux-ci avaient été financés par des oligarques, tiens donc. Mais donc, tout ceci n'est pas très "légal" ? Ce n'est donc pas le pouvoir central qui faisait le coup de feu, mais des irréguliers qui combattaient des irréguliers ? et si l'armée régulière refusait de donner des armes lourdes aux "bataillons patriotes", d'où ceux-ci tiennent-ils leurs armes, puisqu'on sait bien désormais qu'ils bombardent lourd, eux aussi ? et auraient-ils par hasard reçu des systèmes anti-aériens ? Et puis une dernière question, là, juste comme ça : en fait, si les combats continuent à petite vitesse en ce moment du côté de Lougansk ou de l'aéroport de Donetsk, ce qui n'a l'air de scandaliser personne puisqu'on est en cessez-le-feu, ce n'est donc peut-être pas que de la faute des pro-Russes ? ce qui expliquerait (en partie) que plus personne ne s'offusque de ces "violations répétées d'un accord international" (puisqu'il me souvient que le CLF a été signé à Minsk) ?

Ceci étant, on comprend un peu mieux ce qui se passe : en fait, tout un tas d'oligarques ont profité de la crise pour accroitre leur volume d'affaires (comprendre : La région sous leur coupe). M. Porochenko serait moins important que ses copains mais bénéficierait de l'onction populaire. Nul doute que la nouvelle chambre qui va être élue ce soir représentera toutes les aspirations du peuple. En fait, tout le monde est revenu aux négociations d'avant, ce qui explique que V. Poutine soit plus discret, maintenant qu'il retrouve les oreilles attentives et les procédures de négociation qui avaient cours.

Élections en Tunisie : saluons tout de même le seule exemple de transition à peu près réussie : parce que Enhada est d'inspiration Frères musulmans, qui me paraissent avoir tout de même une vision un peu plu s'établir d'un islam politique que beaucoup du côté de la péninsule ; parce que cinquante ans de développement sont passés par là ; parce qu'il y avait auparavant un projet laïc, certes imparfait mais qui a malgré tout transformé la société ; parce qu'enfin la Tunisie a bénéficié, grâce au satellite, d'une certaine influence culturelle française.

On me dit que dire "madame LE maire" est d'un sexisme achevé. J'en prends mon parti. Dorénavant, respectueux des règles, je dirai donc "Madame la mairesse". Ça, au moins, ce ne sera pas rétrograde. Et je parlerai dorénavant des autoresses. Ou des autrices ? En tous cas, je respecterai au moins les règles de féminisation des substantifs. Réglo !

Livres reçus, lus, achetés ou un peu de tout ça

Du German Marshall Fund, publication issue du dernier séminaire de la Transatlantic Security Task Force : Potential Disruptors of Transatlantic Security: Turning Threats into Opportunities for Security Cooperation. Le rapport, accompagné des papiers analytiques rédigés par les participants, offre une analyse détaillée de trois enjeux stratégiques pour la coopération transatlantique : la sécurité énergétique dans le contexte de nouvelles tensions avec la Russie, de divergences européennes, mais aussi de la transition énergétique aux Etats-Unis; l’importance croissante des nouvelles technologies dans les politiques de défense à l’échelle transatlantique; et la nécessité de repenser la politique transatlantique vis-à-vis de puissances révisionnistes comme la Russie. Ce rapport reflète les débats, les conclusions et les recommandations des membres de la Task Force sur la nécessité de définir de nouvelles politiques permettant de promouvoir la solidarité européenne et la coopération énergétique entre les partenaires transatlantiques; les solutions pour surmonter les vulnérabilités liées à l'utilisation accrue des nouvelles technologies, pour renforcer à la fois la confiance et la résilience transatlantiques et pour faire face à l'emploi de ces technologies par d'autres puissances comme la Chine ou la Russie; la manière enfin dont les Etats-Unis et leurs alliés européens peuvent répondre aux politiques agressives de la Russie, en renforçant leur posture de dissuasion et leur crédibilité stratégique.

Sécurité et stratégie (revue des DSE) n° 27, octobre novembre, Les défis de la protection des données à l'ère numérique,

La suprématie aérienne en péril. Menaces et contre-stratégies à l’horizon 2030, publié par La Documentation Française et coécrit par Corentin Brustlein, Etienne de Durand et Elie Tenenbaum. Fruit d’une étude conduite pour l’Etat-major de l’armée de l’Air et pilotée par le Centre d’études stratégiques aérospatiales, l’ouvrage s’intéresse non seulement aux évolutions capacitaires offrant de nouvelles options aux adversaires désireux de contrer les effets de la puissance aérienne occidentale, mais également aux stratégies plus ou moins ambitieuses pouvant combiner ces options de manière originale. Il expose par ailleurs des pistes permettant au minimum de ralentir ce déclin, voire de pérenniser l’avantage actuel. site éditeur

DROIT INTERNATIONAL DES ESPACES ET DES TÉLÉCOMMUNICATIONS Mwayila Tshiyembe Le droit international des espaces et des télécommunications est une nouvelle branche du droit international, placé au cœur de l'enseignement universitaire par la réforme. Il s'agit d'une part du droit des espaces maritimes, des canaux, détroits et fleuves internationaux, des espaces aériens et extraatmosphérique, d'autre part du droit des télécommunications. Les nouvelles découvertes de richesses sous-marines et celles concernant l'exploration et l'utilisation du cosmos ont changé fortement la donne. (Coll. Géopolitique mondiale, 19 euros, 200 p., octobre 2014) EAN : 9782343020556 EAN PDF : 9782336358925

Articles, sites et liens

Culture

Je ne sais si je vous ai parlé du dernier Woody Allen ? Je l'avais vu au début de l'été et il m'avait paru un des meilleurs de ces dernières années. Oui, je vais quasiment tous les voir ce qui fait extrêmement bobo, j'en conviens. Mais comment voulez-vous que j'évoque le parler bobo si je ne les fréquentais pas ? Bref : film en costume des années 20, bonne société de la Côte d'azur, magie, amour et faux-semblants, du classique, du grand art, on ne s'ennuie pas, on rie, on ressort de bonne humeur. Il nous manquera, vous verrez. En attendant, profitez en, c'est bien meilleur que le Beaujolais nouveau.

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Mot gourmand

Sur le champ

Mot bobo

Présentisme

Événements

5 novembre Invitation Turgot : "Réponses au défi Piketty", réunion Assemblée nationale, mercredi 5 novembre 19h30. Les économistes français sont à l'honneur. Il y a d'abord eu le fantastique succès remporté aux Etats-Unis par le livre de Thomas Piketty "Le capital au XXIème siècle" puis, tout récemment, le Prix Nobel d'économie 2014 décerné à Jean Tirole de l'Ecole d'économie de Toulouse. l'Institut Turgot vous invite à nous rejoindre, le mercredi 5 novembre prochain à 19h30, pour une première réunion au cours de laquelle les thèses très peu libérales - mais idéologiquement fort influentes - que développe Thomas Piketty dans son livre seront soumises à la critique de quatre de nos amis : Alain Madelin Jean-Marc Daniel, professeur à l'ESCP Stéphane Couvreur de l'Institut Coppet Henri Lepage. Inscriptions : mfsuivre(a)hotmail.fr

6 novembre L'ANAJ IHEDN : La France peut-elle encore jouer un rôle dans l'Economie mondiale ? Louis SCHWEITZER Président d’Initiative France Commissaire général à l’investissement Représentant spécial du ministère des Affaires étrangères pour le partenariat franco-japonais Jeudi 6 novembre 2014 19h30 à 21h00 Ecole militaire Amphithéâtre Louis. Inscriptions

19 au 21 novembre La conférence internationale de hacking en sécurité aura lieu à Paris les 19, 20 et 21 novembre prochains. Le programme vient d'être publié. Vous trouverez ici les profils hackers intervenants : http://www.nosuchcon.org/#speakers Comme l'année dernière, il s'agit d'une occasion unique d'échanger à Paris avec des orateurs français et internationaux mondialement connus. Parmi les intervenants, le français Renaud Lifchitz, qui fut le premier à révéler les failles NFC et dénoncer les dangers des cartes bleues sans contact dans une précédente édition de la conférence. Nicolas Collignon s'attaquera à la sécurité du Cloud Google, Benjamin Delpy nous dévoilera si Windows 10 est toujours vulnérable aux mêmes attaques que Windows NT4, tandis qu'Alex Ionescu entretient le mystère sur les révélations qu'il compte faire lors de sa présentation. Tandis qu'un hacker de Kiev, expert en sécurité informatique pour le compte de plusieurs grandes entreprises ukrainiennes et internationales, viendra expliquer les Cyber attaques qui ont eu lieu pendant la révolution en Ukraine et la guerre avec la Russie depuis novembre 2013 jusqu'à maintenant

Arthur Le Chardon

Commentaires

1. Le mardi 28 octobre 2014, 16:43 par Yves Cadiou

1) Madame Le Maire, oui-da ! Madame la Mairesse ? Que nenni ! Je m’explique avant que des lectrices, en méconnaissance du profond respect que je leur porte, ne me qualifient (fort injustement) de machophallofacho : c’est que dans notre belle langue française, comme en latin et comme en allemand, il y a trois genres : le masculin, le féminin, le neutre. Je peux même les citer dans un autre ordre, par galanterie : le féminin, le masculin, le neutre.

L’existence du genre neutre passe souvent inaperçue en français parce que, au contraire du latin et de l’allemand, la déclinaison et les accords du neutre sont exactement identiques à ceux du masculin : même lorsque la fonction est tenue par une femme, LE ministre est toujours du genre neutre. Il en est de même du président, du professeur, de l’avocat (à qui l’on s’adresse en disant « maître » même si c’est une femme), du préfet, du proviseur : j’ai vécu pendant plusieurs années avec un proviseur aux cheveux blonds dont la féminité ne faisait aucun doute, ce qui m’a laissé le temps de réfléchir à la question.

Cette règle du neutre, il y a bien évidemment quelques exceptions qui semblent la compliquer voire la contredire, comme « directrice », « maîtresse d’école », « boulangère » et quelques autres. Il s’agit en fait d’erreurs adoptées par l’usage et qui, par conséquent, passent inaperçues. Les trois erreurs que je viens de citer passent inaperçues parce que ce sont des adjectifs que l’on a cru pouvoir substantiver : idée directrice, pièce maîtresse, pommes boulangères. A côté de ça, quand certaines professions se sont féminisées (ce dernier demi-siècle) l’on a essayé des barbarismes disgracieux qui ont, heureusement, vite périclité : certains n’ont même jamais tenté d’exister (une médecine n’a jamais désigné une femme-médecin) mais il y a eu brièvement des tentatives de doctoresse, préfète, mairesse qui sont bien vite reparties au rayon des inusités pour être remplacées par « Madame LE » suivi de la fonction au genre neutre.
.
2) Oui, il faut changer une Ferrari... mais pourquoi une Ferrari ? Je sais : la question n'est pas là, on n'est pas avec Aldo Maccione dans le film « l'aventure c'est l'aventure » à la minute 32:20 http://www.youtube.com/watch?v=y_57...
C'est sûr, il faut changer une Ferrari quand on ne trouve pas de conducteur capable de la conduire. Surtout après qu'on en a essayé plusieurs et de tous les styles, petits nerveux ou gros tout-mous. Ou alors il faut constater que ceux qui forment et sélectionnent les conducteurs ne sont pas à la hauteur de la tâche. Tâche qu'ils ont d'ailleurs usurpée en votant entre eux la loi n°76-528 du 18 juin 1976 (les parrainages). Et peut-être aussi, si vous voulez, à cause du quinquennat qu'on a essayé en se disant qu'on limiterait les dégâts en changeant plus souvent les conducteurs incapables. Il faut constater que tout ce qu'on essaye ne marche pas et en tirer les conséquences. En clair, il faut changer les institutions, c'est bien ça qu'il faut.
Par referendum, bien entendu, parce que « on ne résout pas les problèmes avec ceux qui les ont créés ». Et cette fois sans faire des petites retouches à courte vue comme le quinquennat mais en rendant à la Constitution sa cohérence.

2. Le mercredi 29 octobre 2014, 09:44 par Colin L'hermet

Bonjour à tous,
@ Y.Cadiou
Bonjour,

"Staline (…) il a dirigé la république des soviets après la mort de Lénine en 1924. Mais au prix de millions de morts. Imaginez un type qui pas son permis et qui conduit une Ferrari à 300 à l’heure. Ca, il écrase, forcément, 10 personnes par jour. Staline, c’est pareil, c’est un chauffard de la révolution. (…) C’est une métaphore."

Je vous renverrais volontiers à la minute 28 du même opus de C.Lelouch : "Il faut qu'on se réveille, on est au bord du précipice (...) la Veme, c'est foutu"...
On pourrait croire que c'est prophétique, mais c'est tout autant un possible contresens.
Un des ressorts de ce film est une incompréhension, une condamnation et une exploitation de la complexité du politique (bref une fuite en avant face au danger), et une reprise opportuniste de slogans qu'on ne partageait pas l'instant d'avant : Lino Ventura refusant d'agréer avec son fils activiste contestataire (min.26), qui commence à le tourner en dérision devant ses amis (min.27), et qui finit, en un renversement opportuniste, par reprendre tout ce discours pour convaincre son auditoire abattu.

Pour moi, le discours sur la fin de la 5eme république, c'est n'est pas une agonie qui n'en finit pas, c'est une posture de valétudinaire. Dès 1972, une bande de plaisantins posait un postulat que nous reprendrions aujourd'hui comme si c'était une révolution copernicienne !? Statistiquement improbable. Comment imaginer une telle résilience si cette critique était fondamentalement vraie ? Et qu'on ne me réponde pas AIE et triptyque surveillance/punition/appropriation, ils font partie du problème comme de la solution, puisqu'ils constituent une boucle de feedback à notre capacité de vivre-ensemble.

"Le verre n’est ni à moitié vide, ni à moitié plein. Il est juste deux fois trop grand pour ce qu’il contient." (proverbe du ministère du Budget)
Il y a toujours un autre point de vue possible.
Voiture de marque, défaut de conduite, interrogation sur le conducteur. Ok.
Mais je vois dans votre idée un autre défaut : la tentation de changer la voiture parce que le cendrier est plein.

C'est à mon sens une posture de société nantie qui cherche à acheter sur étagère. Qui ne se donne plus la peine de développer.
Et effectivement, peut-être que les temps sont suffisamment contraints pour nous empêcher tout développement fructueux et (parce que) laborieux ? Et qu'un sentiment d'urgence porte à aller chercher sur une telle étagère des solutions préexistantes ? (non, il n'y a aucun parallèle à faire avec le retard du développement R&T BITD, genre les drones, noooon !)

Hélas aucune étagère de ce genre n'existe pour le champ empirique de la philosophie politique.
Et pour paraphraser W.Churchill, ce système est certainement mauvais, mais il est, à ce jour, le moins mauvais de tous.
Car pour le remplacer, il faudrait tout à la fois restaurer la notion d'autorité, renforcer la reddition de compte sans sombrer dans l'idée d'une exemplarité non échelonnable, rappeler la différence entre légalité et légitimité, scinder la gouvernance de la morale, et identifier et équilibrer les "pouvoirs" qui ne sont plus trois, et sans plus croire qu'il soit possible de les séparer, notamment en raison des dynamiques transverses induites et permises par les TIC.
Et encore, je ne me penche même pas sur les questions économiques qui pèsent pourtant bien lourd sur la compréhension et le comportement de chacun.

Bref dans une société amollie et douillette, qui refuse l'idée de mort tout en singeant et spectacularisant la violence, il faudrait identifier les fondements d'un nouveau trust politique et social. Or nous sommes plus dans une phase hobbesienne, où l'énergie est essentiellement employée à se préserver soi et à combattre tous, et où tout remède partiel appliqué aux symptômes les plus spectaculaires se retourne en un encouragement à un peu plus de délitement et de désintérêt pour les sources de la maladie.

Donc non, sur la forme, le moto d'un changement de la 5eme est un dangereux cri de ralliement car en vous retournant, vous verrez par-dessus votre épaule vous emboîter le pas des gens dont vous n'auriez pas voulu comme compagnons de route.
Mais vous avez raison sur le fond, cet état de fait ne doit surtout pas discréditer et interdire la réflexion sur la limite atteinte par nos institutions.
Mais le format commentaire de blog n'est pas la meilleure tribune pour explorer toutes ces idées, je le reconnais./.
Bien respectueusement,
Colin./.

3. Le jeudi 30 octobre 2014, 16:20 par YC

Bonjour Monsieur Colin L'hermet,
Ainsi donc, la Ferrari, c'était vous. Le film de Lelouch date de 1972 et effectivement à cette époque-là « la Ve République (c'était) foutu ». Bien sûr on ne changeait pas de numéro, ça restait formellement « la Ve » mais ce n'était plus la même parce que des retouches, apparemment anodines mais terriblement significatives, étaient apportées par les partis politiques : avec délice ils en liquidaient la cohérence après qu'elle les eût mis à l'écart pendant plus de dix ans.
Par exemple, le gouvernement de 1969 comportait un « ministère de la Défense » en lieu et place du « ministère des Armées », ôtant de ce fait au Premier ministre la responsabilité essentielle qui lui était attribuée par la Constitution (article 21) : « le Premier ministre est responsable de la défense nationale ». Pour faire bon poids, le Premier ministre de l'époque (auparavant maire de Bordeaux, Chaban-Delmas) affirmait, de façon parfaitement anticonstitutionnelle, que la politique étrangère et les armées constituaient le « domaine réservé du Président », attribuant ainsi au Président une fonction non seulement anticonstitutionnelle mais surtout un pouvoir exécutif à l'écart de tout contrôle ou censure parlementaire. Les Parlementaires supposés représenter les Français (Assemblée nationale) n'ont pas protesté, trop heureux de se débarrasser de questions considérées comme électoralement peu porteuses au niveau local hors des dispenses, exemptions, affectations rapprochées et autres faveurs qu'ils pouvaient obtenir pour leurs clients assujettis au service militaire obligatoire, universel, en principe égalitaire.
Par ailleurs cette malheureuse Constitution a été contournée de multiples fois en usant de son article qui précise que les traités internationaux sont supérieurs à la loi française : il suffisait donc aux partis politiques de faire entériner par leurs élus n'importe quel traité international pour contrer la Constitution adoptée par referendum : de là le succès du machin européen qui permettait aux « représentants du Peuple » de surmonter la vox populi. La République n'était plus la Ve que par son numéro quand en 1976 les partis politiques se sont arrogé le droit exclusif de présenter des candidats à nos suffrages (loi n°76-528 du 18 juin 1976 sur les parrainages). Or la fonction présidentielle est, par nature, une fonction de prestige et par conséquent une fonction pour laquelle aucun politicien, pré-sélectionné par un parti politique dont il est issu, n'est apte.
Par conséquent nous ne sommes déjà plus, et depuis longtemps, sous la Ve République mais sous un ensemble de règles adoptées par les partis politiques, règles dépourvues de légitimité populaire qui se sont substituées aux règles votées par referendum en 1958 et 1962. C'est l'ensemble de ces règles illégitimes qu'il faut changer, à moins que l'on soit d'accord avec le principe de la Démocratie dite « représentative » qui est si peu démocratique qu'elle en est le contraire : la démocratie, c'est le « gouvernement par le Peuple et pour le Peuple » ; la démocratie représentative, c'est seulement le gouvernement par les représentants et pour les représentants.
Bien entendu, l'on peut toujours dire, comme pour tout changement, qu'on sait ce qu'on perd sans savoir ce qu'on gagne : c'était le slogan de Giscard, candidat en 1974 : avec moi vous aurez le changement sans le risque.
Mais les faits sont là et ils sont simples : 1) nous ne sommes plus, depuis quarante ans, sous la Ve République mais sous un ensemble devenu incohérent de règles qui résultent de tractations politiciennes multiples ; elles n'ont jamais été entérinées par le Peuple qui a pourtant fondamentalement le droit de disposer de lui-même ; c'est une terrible fragilité qui nous coûtera cher en situation de crise ; 2) notre personnel politique s'accommode fort bien, dans son intérêt et par culture de classe, de cotes mal taillées quand ce n'est pas d'eaux troubles ; c'est pourquoi, tout en dénaturant complètement la Ve, il en a conservé le numéro par discrétion. Conséquemment nous aurions tort d'imaginer que le système va perdurer, voire s'améliorer spontanément en vertu d'une comparaison qui n'est pas raison.
Cordialement, Yves Cadiou

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